Dans un contexte automobile où l’électrification semble incontournable, Maserati fait le pari du contre-courant. Avec la récente présentation de la MCPura, évolution directe de la MC20 lancée en 2020, la marque au Trident affiche ses intentions : ses futures supercars resteront fidèles au moteur thermique. Une stratégie osée qui mérite d’être analysée.
Le responsable de l’ingénierie de Maserati, Davide Danesin, est conscient que les acheteurs de supercars préfèrent encore les moteurs à combustion. Cette déclaration fait écho à l’abandon confirmé au printemps dernier du projet de MC20 électrique, une décision qui, selon l’ingénieur en chef, représentait finalement « un retour à la raison ».
Les arguments avancés par Danesin sont pragmatiques et touchent au cœur des préoccupations des amateurs de supercars. Une batterie ajoute inévitablement du poids, créant des contraintes supplémentaires sur les liaisons au sol et la structure du véhicule. Sans compter la complexité technologique croissante qui peut nuire à la fiabilité, critère essentiel pour des machines d’exception.
Cette position tranche avec celle de concurrents directs comme McLaren et sa Artura hybride, ou même Ferrari avec sa 296 GTB qui a su séduire malgré son système hybride. Alors que la Ferrari 296 et la McLaren Artura utilisent leurs moteurs V6 dans le cadre d’un système hybride rechargeable, la MCPura reste une proposition de combustion pure.
Le V6 Nettuno : un potentiel encore inexploité
Le cœur de la stratégie Maserati repose sur son fameux V6 Nettuno, actuellement déployé sur l’ensemble de la gamme, du SUV Grecale à la MCPura. Ce moteur V6 de 3,0 litres développe 630 ch à 7 500 tr/min avec une zone rouge à 8 000 tr/min pour 730 Nm de couple.
Mais selon Davide Danesin, ce bloc biturbo de 3 litres n’a pas encore révélé tout son potentiel. Sa conception originale à double chambre de combustion permettrait d’extraire 200 chevaux supplémentaires sans difficultés techniques majeures, tout en respectant les futures normes Euro 7 qui entreront en vigueur fin 2026.
Cette montée en puissance pourrait porter le Nettuno à plus de 800 chevaux, de quoi rivaliser avec les prestigieuses Aston Martin Vanquish ou Ferrari 12 Cilindri, toutes deux équipées de V12 atmosphériques dépassant cette barre symbolique. Un défi technique audacieux : prouver qu’avec deux fois moins de cylindres, Maserati peut jouer dans la cour des grands.
Une future super-GT basée sur la GranTurismo
Maserati envisage une série limitée d’un modèle phare qui comporterait le groupe motopropulseur V6 de la marque ainsi qu’une transmission manuelle. Cette future sportive, plus exclusive que la MCPura, s’appuierait probablement sur l’architecture de la GranTurismo avec son moteur en position avant.
Cette configuration, par nature moins radicale qu’une berlinette à moteur central, ouvrirait la voie à une « super GT » dans la plus pure tradition italienne. Et pour pousser l’approche puriste jusqu’au bout, Davide Danesin n’exclut pas l’ajout d’une boîte de vitesses manuelle, un luxe devenu rarissime dans cette catégorie.
Santo Ficili, directeur général d’Alfa Romeo et Maserati, confirme qu’une coopération entre les deux marques reste envisageable pour mener à bien ce type de projet ambitieux. Cette stratégie n’est pas nouvelle : on se souvient de la MC20 et de son alter-ego ultra-exclusif, l’Alfa Romeo 33 Stradale, ou encore de la collaboration autour de la 8C qui partageait châssis et V8 4,7 litres avec la précédente GranTurismo en 2007.
Pour une production en très petite série, ces économies d’échelle, toutes proportions gardées, s’avèrent nécessaires pour la viabilité économique du projet. Rien n’est prévu avant 2027, mais l’intention est claire : donner vie à des « licornes » automobiles pour les collectionneurs les plus exigeants.
Un pari risqué mais cohérent
Dans un marché automobile en pleine mutation, la stratégie de Maserati peut sembler à contre-courant. Pourtant, elle s’appuie sur une réalité : une partie significative de la clientèle traditionnelle des supercars conserve ses préférences pour la mécanique pure.
Davide Danesin explique que certaines personnes ont une idée fausse des supercars à batterie, ajoutant qu’il y a encore des clients qui veulent des voitures mécaniques. Le manque d’intérêt pour une version électrique de la MC20 semble lui donner raison.
Reste à savoir si cette philosophie permettra à Maserati de retrouver son lustre d’antan. Car pour financer ces projets d’exception, il faudra d’abord convaincre sur les modèles de volume, à commencer par les versions électrifiées comme le Junior. Un équilibre délicat entre tradition et modernité que seul l’avenir pourra valider.
✅ À retenir :
- Maserati abandonne définitivement l’électrification pour ses supercars futures
- Le V6 Nettuno pourrait développer plus de 800 chevaux dans sa version ultime
- Une super-GT basée sur la GranTurismo avec boîte manuelle est envisagée pour 2027
- La collaboration avec Alfa Romeo reste d’actualité pour les projets exceptionnels
- Cette stratégie anti-électrique répond aux attentes d’une clientèle puriste fidèle






