La chambre syndicale des filiales françaises des constructeurs internationaux, la Csiam, est insatisfaite de la situation actuelle. Elle demande un soutien plus important des pouvoirs publics pour accélérer la transition énergétique des poids lourds.
Le verdissement du parc de véhicules industriels peine à se concrétiser
Le secteur du transport routier a du mal à passer à des solutions plus écologiques pour ses véhicules industriels, malgré la feuille de route de décarbonation de la filière transmise aux pouvoirs publics l’année dernière. Selon le bilan du marché de 2023 de la Csiam, les ventes de véhicules industriels restent largement dominées par le diesel.
Un marché attentiste défavorable aux alternatives au gazole
En effet, sur un marché plutôt positif avec 48 864 immatriculations (+11,02 %), le diesel représente 92,2 % des ventes de tracteurs et porteurs, tandis que le gaz, le B100 et l’électrique ne représentent que 3,7 %, 2,9 % et 1,1 % respectivement. Dans le segment des cars, le diesel détient une part de marché de 85,5 %. Seuls les bus, bénéficiant de fortes subventions, ont commencé leur transition énergétique avec 44 % d’immatriculations en gaz et 36 % en électrique.
La Csiam souligne que cette image est incomplète car elle ne prend pas en compte les véhicules fonctionnant au biodiesel (notamment le HVO). Cependant, cela témoigne des difficultés du marché à adopter pleinement les alternatives au diesel. « Il y a un attentisme des clients lié à la transition énergétique », confirme Emilio Portillo, directeur général d’Iveco France.
Cet attentisme s’est traduit par une nette baisse des ventes dans les concessions au cours des derniers mois de 2023. « Nous avons constaté une baisse des commandes d’environ 30 % en fin d’année », souligne Athina Argyriou, présidente déléguée de la Csiam. Elle se montre également pessimiste quant aux prévisions de l’année en cours, estimant que « 2024 ne sera pas une bonne année ».
La Csiam demande un bonus pour les véhicules électriques
Pour soutenir le marché et accélérer la décarbonation du secteur, Henri Paccalin, président de la branche VI de la Csiam, estime que les pouvoirs publics doivent mettre en place un cadre économique et financier favorable aux investissements des transporteurs. « Cette transition énergétique doit être accompagnée d’une politique plus forte avec des aides massives qui doivent soutenir l’ensemble de l’écosystème », insiste-t-il.
Actuellement, l’État prévoit de consacrer 130 millions d’euros en 2024 aux appels à projets visant à soutenir l’acquisition de camions électriques et l’installation de bornes de recharge. Cependant, pour la Csiam, cette enveloppe est insuffisante. « Ce n’est qu’une infime partie du budget de 1,5 milliard d’euros prévu pour le verdissement du parc de véhicules en France », note Marie Defrance, adjointe de la présidente déléguée de la Csiam.
De plus, ce dispositif est jugé trop complexe pour les entreprises dont les flottes ne comptent pas cinq véhicules, ce qui représente 75 % d’entre elles. « L’appel à projets exclut la majorité des PME. C’est un système très chronophage et coûteux », regrette Athina Argyriou. C’est pourquoi la Csiam plaide aujourd’hui pour le rétablissement d’un bonus à l’achat de véhicules électriques, un dispositif jugé plus clair pour l’ensemble des acteurs du marché.
« Nous constatons un alignement de planètes favorable à l’émergence de l’électrique. Il faut rester optimiste et ne pas rater ce momentum », conclut Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France.