Le géant américain General Motors vient d’enregistrer une charge comptable colossale de 1,6 milliard de dollars au troisième trimestre 2025. La raison ? Un réalignement stratégique majeur concernant ses véhicules électriques. Cette décision spectaculaire illustre le profond malaise qui traverse l’industrie automobile américaine face aux bouleversements politiques récents.
Le constructeur de Detroit ne cache pas les raisons de ce revirement. Il pointe directement du doigt les nouvelles orientations politiques qui ont radicalement transformé le paysage du véhicule électrique aux États-Unis. General Motors avertit même que d’autres ajustements financiers pourraient suivre dans les prochains mois.
L’ère Trump redistribue les cartes de l’électromobilité
Le véhicule électrique traversait déjà une période délicate outre-Atlantique. Mais l’administration Trump a porté un coup décisif en supprimant, fin septembre 2025, le crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars accordé aux acheteurs de véhicules électriques. Cette aide fiscale constituait un levier essentiel pour démocratiser l’électromobilité.
Sans cet avantage financier, l’équation économique du VE devient nettement moins attractive pour les consommateurs américains. Les constructeurs se retrouvent contraints de revoir leurs plans en profondeur.
Les 1,6 milliard de dollars de provision se décomposent en deux volets principaux. D’une part, une dépréciation d’actifs atteignant 1,2 milliard de dollars. D’autre part, 400 millions consacrés aux frais d’annulation de contrats et à divers accords commerciaux devenus obsolètes.
General Motors, numéro un du marché américain, justifie cette décision par « les récents changements de politiques gouvernementales ». Le constructeur reste prudent et n’exclut pas de nouvelles charges dans les trimestres à venir.
Des investissements colossaux soudainement remis en question
General Motors avait massivement investi dans le développement de sa gamme électrique. Le groupe avait anticipé des réglementations environnementales de plus en plus strictes concernant les émissions de gaz à effet de serre et la consommation de carburant. Ces investissements structurants portaient notamment sur les capacités de production et les infrastructures dédiées.
Le constructeur avait pris des engagements contractuels importants, convaincu que le cadre réglementaire américain allait progressivement imposer l’électrification du parc automobile. Cette vision stratégique est aujourd’hui caduque.
« Nous nous attendons à ce que le taux d’adoption des véhicules électriques ralentisse », reconnaît ouvertement General Motors. Cette projection pessimiste a conduit le groupe à réévaluer en profondeur ses capacités industrielles et ses infrastructures de production.
L’évaluation se poursuit, particulièrement concernant la production de batteries, cœur névralgique de tout véhicule électrique. GM précise qu’il est « raisonnablement possible » que des ajustements financiers supplémentaires s’imposent prochainement.
Une tendance qui dépasse les frontières américaines
General Motors n’est pas un cas isolé. Ford avait déjà emprunté cette voie en août dernier, réduisant ses ambitions électriques face aux réalités du marché. Stellantis prépare également un nouveau plan stratégique que son dirigeant Antonio Filosa doit dévoiler début 2026. Les observateurs s’attendent à un recalibrage significatif.
Cette vague de révisions stratégiques témoigne d’une remise en question généralisée du calendrier d’électrification chez les constructeurs américains.
Si la situation américaine présente des spécificités liées au contexte politique, l’Europe connaît une évolution similaire. De nombreux constructeurs européens ont récemment revu à la baisse leurs objectifs d’électrification. Les défis restent nombreux : infrastructures de recharge insuffisantes, prix d’achat élevés, autonomie encore perfectible.
Le rêve d’une transition rapide et massive vers l’électrique se heurte aux réalités économiques et aux attentes concrètes des automobilistes.
General Motors entérine un tournant majeur en passant une charge de 1,6 milliard de dollars pour réaligner sa stratégie électrique. Cette décision, directement liée aux changements politiques sous l’administration Trump et à la suppression du crédit d’impôt de 7 500 dollars, reflète le ralentissement anticipé du marché des véhicules électriques aux États-Unis.
Le constructeur rejoint Ford dans cette révision stratégique, tandis que Stellantis s’apprête également à recalibrer ses ambitions. Ce mouvement de fond touche également l’Europe, où les objectifs d’électrification sont revus à la baisse. L’industrie automobile mondiale opère visiblement un ajustement réaliste face à un marché électrique qui peine à décoller au rythme initialement espéré.




