MG dépasse 100 000 ventes en France : succès fulgurant

Léo

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MG franchit le cap des 100 000 ventes en France : l’ascension discrète d’un acteur chinois au faux accent british.

Dans le paysage automobile français en pleine mutation, un acteur fait son trou sans faire de bruit. MG, marque aux racines britanniques mais à l’ADN résolument chinois, vient de franchir une étape symbolique : 100 000 voitures vendues sur le marché hexagonal depuis son lancement.

C’est un SUV hybride rechargeable EHS, immatriculé le 25 septembre dernier, qui a marqué ce cap historique. Une performance d’autant plus impressionnante qu’elle place désormais MG devant des constructeurs établis comme Fiat, Seat ou Nissan.

Données clés concernant MG et son évolution sur le marché français et européen.

ÉlémentChiffre / DonnéePériode / DétailCommentaire / Contexte
Ventes cumulées France100 000 unitésSeptembre 2025Cap symbolique franchi le 25 septembre avec un SUV EHS hybride rechargeable
Ventes France 2025 (janv.–sept.)22 695 véhiculesJanv. à sept. 20251,78 % de part de marché
Croissance annuelle+50 %2024 → 2025Forte progression malgré droits de douane
Rang sur le marché français15ᵉ marqueOctobre 2025Devant Fiat, Seat, Suzuki et Nissan
Part de marché France1,78 %2025Source Inovev / MG France
Particularité des ventes70 % particuliers / 30 % entreprises2025L’une des marques les plus achetées par les particuliers avec Dacia
Réseau de distribution193 points de venteMi-octobre 2025Présence consolidée sur tout le territoire français
Part des véhicules électriques13 %2025En forte baisse (80 % en 2023)
Part des hybrides77 %2025Croissance due à la taxation réduite
Droits de douane européens45 %Depuis octobre 2024Impact majeur sur les ventes de véhicules électriques
Ventes Europe240 000 unités2024Marché européen : Royaume-Uni, Italie, France (Top 3)
Marché mondial SAIC4,6 millions de véhicules2024MG est la marque d’exportation phare de SAIC
Année de création MG1924Oxford, Royaume-UniMorris Garage — héritage britannique
Rachat par SAIC2007ChineMG devient la marque export de SAIC
Sites de productionNanjing & Ningde (Chine)Production 100 % chinoiseExportation vers l’Europe
Centre de designMarylebone (Londres)Conception partielle au Royaume-UniMise en avant de l’ADN “british” dans la communication
Position face à BYD+ de 2x les ventes2025BYD : <10 000 unités vendues en France sur la même période
Futur industrielImplantation européenne envisagéeObjectif post-2025Pour contourner les droits de douane et concurrencer BYD/Xpeng
Concurrent à venirChery (usine à Barcelone)Arrivée prévue en 2026Renforcement de la concurrence chinoise en Europe
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Une progression fulgurante qui bouscule la hiérarchie

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. À mi-octobre, MG affichait 22 695 véhicules vendus entre janvier et septembre, contre moins de 10 000 pour son concurrent direct BYD. Avec une part de marché de 1,78 % et une croissance supérieure à 50 % sur un an, la marque se hisse au quinzième rang national.

Cette montée en puissance ne doit rien au hasard. MG s’est positionnée comme la première des marques chinoises en France, surfant sur un rapport qualité-prix redoutable et une stratégie commerciale rodée.

Pour célébrer cette étape, MG France a lancé une opération coup de poing : une loterie offrant une voiture aux clients commandant entre le 6 et le 31 octobre. Un pari marketing audacieux qui témoigne de la confiance de la marque.

Des racines anglaises, une réalité industrielle chinoise

L’histoire de MG ressemble à un roman automobile. Créée en 1924 à Oxford sous le nom de Morris Garage, la marque a connu son âge d’or dans les années 1960 grâce à la mythique MGB, décapotable iconique de l’époque yéyé.

Mais les décennies suivantes ont été moins glorieuses. Associée à Rover, la marque a périclité avant de disparaître complètement du paysage automobile. C’est en 2007 que le géant chinois SAIC rachète MG et en fait son fer de lance pour la conquête internationale.

Aujourd’hui, SAIC est un mastodonte étatique basé à Shanghaï, avec 4,6 millions de véhicules vendus en 2024. Allié à Volkswagen depuis 1984 et à General Motors depuis 1997, le groupe s’est forgé une expertise industrielle redoutable, notamment grâce à son partenariat avec CATL, leader mondial des batteries automobiles.

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Une communication subtile autour de l’identité britannique

MG France a fait un choix stratégique : mettre en avant l’héritage british plutôt que l’origine chinoise. La marque insiste sur son centre de design londonien de Marylebone, où une partie de la conception des véhicules est réalisée.

Pourtant, la réalité industrielle est sans équivoque : toutes les MG vendues en Europe sortent des usines chinoises de SAIC, principalement situées à Nanjing et Ningde. Une production 100 % asiatique qui permet de proposer des tarifs ultra-compétitifs.

L’arme fatale : un rapport qualité-prix imbattable

Lancée en France en mars 2020, en plein confinement, MG a progressivement tissé sa toile commerciale. Le réseau compte désormais 193 points de vente à mi-octobre.

Le secret de cette réussite ? Des prix défiant toute concurrence, notamment sur les modèles électriques et électrifiés. Cette compétitivité découle des coûts de production asiatiques et d’un processus industriel simplifié : seulement cinq couleurs disponibles et aucune option.

« Nous sommes, avec Dacia, la marque la plus achetée par des particuliers, à 70 % contre 30 % pour les entreprises », se réjouit Julien Robert, vice-président de MG France chargé des ventes et du marketing. Un positionnement qui tranche avec les marques premium, davantage tournées vers les flottes d’entreprise.

Le virage hybride, une adaptation stratégique

L’histoire récente de MG illustre la capacité d’adaptation nécessaire face aux turbulences réglementaires. La marque avait initialement misé sur l’électrique, proposant certains des modèles à batterie les moins chers du marché.

Mais l’instauration de droits de douane européens fin octobre 2024, atteignant 45 % pour MG, a changé la donne. La riposte a été rapide : un pivot massif vers l’hybride, bien moins taxé.

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Les chiffres sont éloquents. La part des véhicules électriques dans les ventes de MG s’est effondrée de 80 % à 13 % entre 2023 et 2025. Dans le même temps, les hybrides sont passés de 0 à 77 % des immatriculations.

« L’une des caractéristiques de MG est de ne pas mettre toutes ses forces dans l’électrique », analyse Jamel Taganza, vice-président et cofondateur du cabinet de conseil Inovev. « En Europe, où la marque a vendu 240 000 voitures l’an dernier, et singulièrement en Italie et en France, ses deuxième et troisième marchés derrière la Grande-Bretagne, c’est un atout maître. »

Les défis de demain : produire en Europe

Malgré ce succès, MG France garde un œil inquiet sur l’avenir. L’urgence du moment : établir une implantation industrielle européenne pour contourner les taxes douanières pénalisantes sur les véhicules électriques.

La pression s’accentue. BYD et Xpeng disposent déjà de sites d’assemblage opérationnels ou en cours de finalisation, en Hongrie et en Autriche. La concurrence chinoise en France va d’ailleurs s’intensifier avec l’arrivée programmée en 2026 du groupe Chery, qui possède déjà son usine européenne à Barcelone.

Le succès de MG en France raconte bien plus qu’une simple percée commerciale. Il témoigne de l’appétit des consommateurs français pour des véhicules électrifiés abordables, et de la capacité des constructeurs chinois à s’adapter rapidement aux évolutions réglementaires européennes.

Avec son positionnement hybride entre héritage britannique et puissance industrielle chinoise, MG incarne une nouvelle ère automobile où les frontières se brouillent. Devant Fiat ou Nissan, la marque au logo octogonal prouve que les cartes de l’industrie sont en train d’être redistribuées.

Reste à savoir si cette dynamique se confirmera face à une concurrence chinoise toujours plus agressive et à des barrières douanières susceptibles d’évoluer. Le pari européen de MG ne fait que commencer.