À l’approche de la révision du règlement européen sur les émissions de CO₂ des véhicules, le débat sur l’objectif de zéro émission pour 2035 s’intensifie. L’Allemagne demande à revoir cette position tandis que la France, ouverte à la discussion, reste ferme sur l’engagement de décarbonation.
La VDA secoue le Green Deal européen
Le 6 juin 2025, la puissante Association allemande de l’industrie automobile (VDA) a bouleversé le paysage réglementaire européen en dévoilant un plan audacieux en dix points. Ce document appelle à réviser l’objectif ambitieux du Green Deal européen, qui prévoit la fin de la vente de véhicules thermiques neufs à l’horizon 2035. La VDA propose une réduction de cet objectif de 100 % à 90 % de véhicules zéro émission, tout en prônant une plus grande flexibilité pour atteindre les cibles intermédiaires de 2030 et 2035. Elle milite également pour une reconnaissance accrue des véhicules hybrides et des carburants alternatifs.
Réactions vives et désaccords politiques
En réaction à cette prise de position, l’ONG Transport & Environment (T&E), très active sur les questions climatiques liées à la mobilité, a exprimé ses préoccupations. Selon ses analyses, les propositions de la VDA pourraient engendrer une hausse des émissions de CO₂ de 0,5 à 1,4 gigatonne, soit une augmentation de 31 % par rapport aux prévisions actuelles. Cette situation pourrait réduire la part de marché des véhicules électriques en 2035 à un intervalle de 44 à 69 %, remettant en cause les ambitions climatiques de l’Europe. T&E considère cette proposition comme une manœuvre politique destinée à freiner la réglementation sous couvert de transition douce. Cette initiative intervient à l’approche de la révision officielle du règlement sur les émissions de CO₂ prévue en 2026.
Du côté français, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu la légitimité du débat, déclarant être ouvert à une réflexion sur d’éventuels assouplissements, mais à condition que ceux-ci n’affectent pas les objectifs de décarbonation. Bien que la France s’oppose fermement à tout recul sur la cible de 100 % de véhicules zéro émission, Ferracci a souligné que diverses options sont à l’étude, sans toutefois les préciser.
Un avenir incertain pour le marché automobile européen
Le débat sur la réglementation des émissions de CO₂ s’annonce comme l’un des sujets les plus sensibles du second semestre 2025 à Bruxelles. Avec un objectif de zéro émission en 2035 désormais remis en question, le consensus européen est fragilisé. La Commission européenne, pour sa part, reste ferme dans son engagement, considérant la fin de la vente des véhicules thermiques comme un pilier essentiel du Green Deal initié par Ursula von der Leyen. Toutefois, les ventes de voitures électriques ralentissent en France et ailleurs en Europe, ajoutant une couche de complexité à la situation. Cette divergence pourrait préfigurer un bras de fer entre les États membres, chacun défendant ses intérêts industriels et climatiques.




