L’industrie automobile mondiale connaît actuellement des bouleversements sans précédent. Entre guerre commerciale sino-occidentale, transition électrique imposée et nouveaux acteurs venant de la tech, les codes établis volent en éclats.
La dernière illustration de cette révolution en cours ? Une Xiaomi SU7 Ultra surprise dans les ateliers de Ferrari à Maranello, quelques mois seulement avant le dévoilement de la toute première voiture électrique de la marque italienne.
Cette photographie, largement relayée sur les réseaux sociaux, n’est pas anodine. Elle montre la berline électrique chinoise qui fait sensation depuis un an, garée devant les installations mythiques de Maranello. Au-delà de l’aspect symbolique, cette présence révèle une réalité industrielle : même les constructeurs les plus prestigieux scrutent désormais les innovations venues de Chine avec attention.
La SU7 Ultra n’est pas n’importe quelle voiture électrique. Cette berline haute performance a révolutionné les codes en établissant le 28 octobre 2024 un temps de 6 minutes et 46,874 secondes sur le Nürburgring, battant le précédent record détenu par la Porsche Taycan Turbo GT. Ce chronos exceptionnels placent d’emblée Xiaomi, marque de smartphones devenue constructeur automobile il y a seulement deux ans, au niveau des références mondiales en matière de performance électrique.
Des performances qui obligent au respect
Les chiffres de la SU7 Ultra parlent d’eux-mêmes : 0 à 100 km/h en 1,98 seconde, 0 à 200 km/h en 5,85 secondes, 0 à 300 km/h en 9,23 secondes, pour une vitesse de pointe de 350 km/h. Ces performances sont rendues possibles par trois moteurs électriques développant au total 1 548 chevaux (1 139 kW), soit une puissance qui rivalise avec celle des hypercars les plus exclusives.
Mais ce qui intéresse probablement le plus les ingénieurs de Ferrari, c’est la gestion thermique de cette mécanique. Fin 2024, Xiaomi annonçait que la SU7 Ultra avait été capable d’enchaîner deux tours sur la Nordschleife du Nürbugring sans surchauffer, un exploit technique remarquable qui témoigne de la maturité du système de refroidissement embarqué.
Cette analyse technique intervient à un moment charnière pour Ferrari. La marque au cheval cabré s’apprête à dévoiler son premier modèle 100% électrique le 9 octobre 2025, marquant un tournant historique dans sa stratégie. Ce crossover électrique, surnommé provisoirement « Elletrica », représente bien plus qu’un simple nouveau modèle : il constitue la réponse de Ferrari aux défis du marché chinois.
Car les enjeux sont considérables. Ferrari traverse actuellement une période difficile sur le marché chinois, avec des ventes en chute de 25% au premier trimestre 2025 en Chine, Hong Kong et Taïwan. Ces résultats représentent le niveau le plus bas enregistré depuis quatre ans pour la marque. Dans ce contexte, l’électrification devient une nécessité stratégique pour bénéficier des avantages fiscaux accordés aux véhicules électriques dans l’Empire du Milieu.
L’espionnage industriel, une pratique aussi vieille que l’automobile
L’analyse de véhicules concurrents n’est pas nouvelle dans l’industrie automobile. Depuis toujours, les constructeurs démontent, observent et étudient les solutions techniques de leurs rivaux pour mieux les comprendre et les dépasser. Ce qui surprend ici, c’est de voir Ferrari, gardienne de traditions centenaires et symbole de l’excellence italienne, s’intéresser de si près à une marque chinoise née il y a à peine trois ans.
Cette démarche s’inscrit dans une logique industrielle rationnelle. Les ingénieurs de Maranello cherchent probablement à comprendre les secrets de la SU7 Ultra : architecture des moteurs électriques, chimie des batteries haute performance, stratégies de gestion thermique, choix des matériaux, mais aussi qualité perçue à bord. Car si les performances pures impressionnent, Ferrari sait que son ADN repose aussi sur l’émotion, la finition et cette « noblesse du détail » qui fait sa réputation mondiale.
Le succès de Xiaomi dans l’automobile dépasse toutes les prévisions initiales. Avec plus de 175 000 ventes sur douze mois pour la gamme SU7, une liste d’attente d’un an et des acheteurs de conquête qui délaissent les marques traditionnelles, le constructeur chinois a réussi son pari. Cette montée en puissance fulgurante explique pourquoi Ferrari n’est pas la seule marque à s’y intéresser : Hyundai a également été aperçu en train d’analyser un exemplaire en Corée du Sud, tandis que Ford a publiquement reconnu avoir été impressionné par les performances de la berline chinoise.
Une leçon d’humilité pour l’industrie occidentale
Au-delà de l’anecdote, cette visite de la SU7 Ultra dans les ateliers Ferrari illustre une réalité plus large : l’industrie automobile chinoise n’est plus cantonnée aux copies et à la sous-traitance. Elle innove, établit des records et force le respect des constructeurs les plus établis. Cette évolution marque un changement significatif dans l’équilibre des forces de l’industrie automobile, la Chine rivalisant désormais avec l’Occident dans le domaine des voitures de performance.
Pour Ferrari, cette analyse technique représente un investissement nécessaire avant le lancement de son premier modèle électrique. Car si la marque italienne peut compter sur son héritage, son savoir-faire et sa réputation, elle doit aussi comprendre les nouvelles règles du jeu électrique pour rester compétitive.
L’ironie de l’histoire veut qu’après des décennies passées à inspirer l’industrie mondiale, Ferrari se retrouve aujourd’hui à étudier les innovations d’un nouveau venu chinois. Cette révolution silencieuse témoigne de la vitesse à laquelle l’industrie automobile se transforme, obligeant même les plus prestigieuses marques à rester humbles face aux nouveaux défis technologiques.
✅ À retenir :
- Une Xiaomi SU7 Ultra a été aperçue dans les ateliers Ferrari de Maranello pour analyse technique
- La berline chinoise détient le record du Nürburgring avec un temps de 6:46.874, devançant la Porsche Taycan Turbo GT
- Ferrari prépare le lancement de sa première voiture électrique le 9 octobre 2025
- Cette démarche s’inscrit dans un contexte difficile pour Ferrari en Chine (-25% de ventes au T1 2025)
- Le phénomène Xiaomi (175 000 ventes en un an) oblige l’industrie occidentale à repenser ses certitudes
- D’autres constructeurs comme Hyundai et Ford s’intéressent également à la technologie chinoise





