Les constructeurs automobiles ont développé une meilleure gestion des risques sur la chaîne d’approvisionnement pour faire face à la menace posée par les rebelles Houthis, qui perturbent le trafic maritime sur ce passage clé du commerce mondial. Cette situation a cependant un impact sur le coût final.
Le trafic maritime en baisse de façon critique dans la mer Rouge
Au mois de janvier 2024, le trafic maritime dans la mer Rouge, qui permet de relier l’Océan indien à la mer Méditerranée via le canal de Suez, a connu une diminution significative, selon le Fonds monétaire international (FMI). Selon le FMI, cette baisse a atteint près d’un tiers, voire même 40% à certains moments de la crise avec les Houthis, lors de la première quinzaine de janvier.
Le secteur du transport maritime subit de lourdes conséquences
Le géant danois du transport maritime, Maersk, a récemment publié des résultats financiers qui ont été fortement impactés par cette crise. En effet, les profits de l’entreprise ont chuté de 87% au cours du dernier trimestre, principalement en raison de la diminution du trafic dans la mer Rouge.
Depuis le 19 novembre 2023, les rebelles Houthis, qui contrôlent une partie du Yémen, ont lancé de nombreuses attaques contre les navires commerciaux circulant dans la zone de la mer Rouge, notamment autour du golfe d’Aden. Cette zone représente près de 12% du commerce mondial. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont déclaré agir en solidarité avec la Palestine, qui est en guerre avec Israël depuis le 7 octobre.
De nombreux transporteurs ont décidé d’éviter cette zone et d’opter pour un détour par le cap de Bonne-Espérance, au sud du continent africain. Cependant, ce détour entraîne des délais de livraison considérablement rallongés, allant de dix à vingt jours. Par conséquent, les coûts de transport ont augmenté de manière significative. En janvier, le coût des conteneurs a été multiplié par deux. Bien que cette augmentation soit inférieure à celle observée pendant la crise sanitaire, où les prix avaient augmenté de 650%, cela reste un coût conséquent pour les entreprises.
Un surcoût important pour l’industrie automobile
Pour l’industrie automobile, le problème va au-delà du simple surcoût du transport. Selon certaines sources, le surcoût est estimé à environ 400 euros par voiture. Cela représente près d’un tiers du coût du transport, hors droits de douane, d’après Julien Robert, directeur du commerce de MG Motors France.
En fonction des marques, les délais de livraison rallongés peuvent entraîner des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et même interrompre les lignes de production. C’est le cas de l’usine Tesla de Berlin, qui a dû suspendre sa production entre le 29 janvier et le 11 février. L’usine Volvo de Gand est également contrainte de fermer temporairement en raison d’une rupture de stocks de boîtes de vitesse.
Une gestion des stocks plus flexible…
Cependant, l’industrie automobile a appris à gérer ses stocks de manière différente depuis la crise des semi-conducteurs et les perturbations liées à la guerre en Ukraine. Les constructeurs automobiles ont assoupli leur gestion des stocks tendus, qui consiste à maintenir un stock minimal voire nul, afin de pouvoir ajuster plus facilement leur production. Bien que le maintien de stocks plus importants soit plus coûteux, surtout en période de hausse des taux d’intérêt, cela reste moins onéreux que de suspendre la production d’une usine.
Les constructeurs ont également réduit leurs achats en dehors de la zone euro, lorsque cela était possible, afin de réduire les risques géopolitiques. Cependant, il est impossible de réduire à zéro les importations nécessitant de passer par le golfe d’Aden. L’Europe reste dépendante du reste du monde en termes de matières premières et de batteries électriques. Dans le domaine de la chaîne d’approvisionnement, il suffit d’une seule pièce manquante pour stopper toute la production.